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Championnat d'Europe Master, Portugal - 26.02.22

Par Florian Arnould, Magalie Cordeiro Mendes et Gabrielle Saint-Alme

Du 20 au 27 février 2022 ont eu lieu les Championnats d’Europe masters en salle (EMACI) à Braga (Portugal) où Florian Arnould s’est aligné sur le 1500m qui se déroulait le samedi 26 ; il fallait avoir le temps de récupérer après la demi-finale des championnats de France de cross du 20 février !

 

Au départ, son objectif était de faire un podium, mais après une blessure survenue fin janvier et 4 semaines de coupure, l’objectif était simplement de participer et de prendre de l’expérience. Il répond à nos questions :

 

Sur quels points forts comptais-tu ? Des points faibles qui pouvaient te faire douter ?

« Honnêtement dans ce contexte, je ne pouvais compter que sur mon expérience et ma science de la course. Je n’ai jamais été un bon coureur de meeting, par contre j’ai très souvent été performant sur des championnats où seule la place compte. Les deux gros points faibles du moment étaient bien entendu mon manque d’entrainement car je venais de reprendre, mais aussi mon manque de compétition sur piste et en salle ces dernières années, où mon dernier 1500m remontait à 2017. »

 

Comment as-tu géré les jours précédant la course ?

« Les jours précédents, cela a été très particulier : j’ai avisé en fonction des sensations, c’était vraiment du bricolage. Le lundi, je ne pouvais presque plus marcher après le cross de reprise (heureusement j’ai pu voir mon kiné et faire une récupération cool). Le mardi, j’avais besoin de repos, je n’ai rien fait. Le mercredi, un peu d’aérobie cool. Le jeudi, j’ai mis les pointes pour la première fois depuis juillet avec 4x200m pour refaire des parcours actifs et enfin, la veille de la compétition, footing cool et quelques lignes droites sur le stade d’échauffement pour me conditionner et rentrer à 100% dans ma compétition. »

 

Quelles sont tes sensations à l'échauffement ? Dans quelle dynamique es-tu à ce moment-là ?

« À partir du moment où je rentre dans ma compétition, je me conditionne tellement pour que tout se passe au mieux que je me sens bien physiquement ! J’ai même l’impression que musculairement ça répond correctement, que je peux aller vite avec les pointes sur mes lignes droites. »

 

 

Raconte nous ta course !

« La chambre d’appel 15mn avant la course permet de finaliser ce conditionnement et de rentrer complètement dans la course. Quand je vois comment mes adversaires me regardent, je sais qu’ils me craignent et ça me met en confiance (Personnellement, je ne les connaissais pas de nom, cependant, sur ce genre de course, on étudie tous la start-list afin d’avoir une idée du palmarès et du niveau des coureurs et je savais qu’il y en avait 4 ou 5 au-dessus du lot).

J’en profite donc pour leur montrer que je suis bien là en refaisant des accélérations dynamiques, en étant le premier prêt et en montrant de l’assurance et de la confiance, alors que clairement, au fond, je sais que je ne suis pas au niveau ! Mais ce petit jeu me plaît, je reste un grand joueur.

On part, je me place devant tout de suite. Je me retrouve dépassé très rapidement par deux des favoris (espagnol et portugais). Je prends alors leur foulée et me laisse volontairement décrocher car je sais que ça va trop vite pour moi. À ma grande surprise, les autres restent derrière moi et n’osent pas passer. J’impose donc mon propre rythme, celui où je suis à mon aise, et je ralentis la course petit à petit pour m’économiser. Le tiers de course passe et c’est seulement à ce moment-là que le polonais (qui avait le meilleur temps d’engagement), décide de passer avec un autre coureur. Ils relancent l’allure et je me cale derrière eux. Je me concentre juste sur mon relâchement et me contente de suivre. Finalement, on arrive assez vite à deux tours de l’arrivée (400m). Je me sens super bien et je me dis « allez, c’est le moment de tenter quelque chose » : je mets une grosse attaque pour les surprendre. Ils réagissent mais je sens qu’ils sont en difficulté. Je mets une seconde attaque beaucoup plus franche et brutale et là, je vois que je creuse un bel écart sur le polonais. Il me reste un tour (200m), je sais qu’ils ne reviendront pas et que je vais terminer 3e. »

 

 

Qu’as-tu ressenti en montant sur ce podium européen ?

« Monter sur un podium européen c’est fort en émotions quand même ! Hymne national, drapeaux, public qui se lève pendant l’hymne, c’est quelque chose ! Après, je suis conscient que ça reste un podium chez les masters, que le niveau est moins élevé, qu’il y avait sûrement des absents liés au covid, mais c’était un beau moment. Et ça donne envie d’en revivre en étant sur la plus haute marche pour entendre la Marseillaise… »

 

Avais-tu déjà représenté la France sur une compétition internationale ?

« J’avais pu représenter la France au championnat du Monde UNSS en tant que responsable-entraineur de l’équipe. On avait terminé à la 3° place. C’était un podium collectif qui venait récompenser le travail de tout un groupe, c’était très fort comme moment. Mais en tant qu’athlète, j’ai toujours joué de malchance (blessure, maladie) pour porter le maillot de l’équipe de France. Même si j’ai fait quelques meetings internationaux, cela reste mon premier championnat international. »

Quel est ton meilleur souvenir de la journée ?

« Le meilleur souvenir de la journée reste le moment où je retrouve Antoine et Katon, deux de mes meilleurs amis qui ont fait le déplacement. On est quelques secondes après la fin de course, je leur montre que j’ai fait 3e avec la tête. C’est à ce moment que je réalise vraiment que je suis sur un podium européen, et surtout je peux le partager avec eux. Une belle performance même si elle est individuelle, n’a vraiment de sens et de saveur pour moi, que si elle est partagée, alors quand c’est avec des proches, ce sentiment est renforcé.

Plus que la médaille, ce que je retiens de cette aventure c’est la manière, avec le plaisir que j’ai pris à jouer tactiquement durant la course et le partage de cette satisfaction avec mes proches. »

Quel est ton prochain objectif international ?

« Prochain objectif je ne sais pas… le principal reste mon rôle d’entraineur pour faire en sorte que les athlètes du club performent et s’épanouissent. Ce sont eux ma priorité maintenant.

Je pense toutefois que j’ai le potentiel pour aller gagner les championnats d’Europe masters et pourquoi pas pour faire une médaille sur les championnats du Monde. Maintenant, même si le mental et l’envie sont là,  il faut trouver du temps et surtout que le corps suive… enfin que les mollets suivent ! »

 

Le mot de la fin ?

« C’était un beau championnat ! C’est magnifique de voir des personnes d’un certain âge réaliser de telles performances : une femme de 92 ans qui fait un 800m, l’ancien recordman du monde du 800m qui gagne en +65 ans, le champion d’Europe +65 ans en hauteur qui a commencé l’athlétisme il y a 7 ans en jouant dans son jardin avec ses petits-enfants, … Cela montre bien que tout le monde peut faire du sport et surtout que le sport conserve et permet d’être en bonne santé ! J’espère que cette médaille inspirera certains athlètes du club ! J’ai déjà été inspiré par le titre européen master de Guigui Rouger en trail, alors il va falloir transmettre le témoin … »

 

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